LE MÉTIER

:: principes

 

respect de l’œuvre 
Le restaurateur doit respecter l’œuvre originale dans sa forme, ses motifs et ses décors.
Le travail consiste à ne pas interpréter, à ne pas rajouter des éléments ou des couleurs en vue de modifier l’aspect original de l’objet.
Tout élément manquant doit être reconstitué à partir d’éléments connus ou documentés (moulage, réplique identique ou photographie).

réversibilité
Les techniques et les mentalités en restauration évoluent dans le temps. Il est donc nécessaire d’avoir la possibilité de modifier une restauration.
L’utilisation de produits réversibles, stables, qui ne jaunissent pas est fondamentale afin que la matière et l’aspect de l’oeuvre ne se dégradent pas dans le temps

 

:: types de restauration

 

conservation 
Il s’agit généralement de conserver l’objet dans sa forme (collage des fragments). Ce type de restauration est appliqué notamment pour la céramique archéologique.

muséale
La forme et les décors sont reconstitués mais la restauration reste visible tout en étant discrète.
Ce type de restauration est réalisé pour les musées ou pour des particuliers qui souhaitent une restauration minimale.

illusioniste
Les formes, les couleurs et l’aspect de surface sont reproduits afin de créer une continuité visuelle avec la surface originale.
Ce type de restauration est préconisé pour les particuliers et les antiquaires.


:: étapes de restauration

 


démontage & nettoyage
Les céramiques anciennes traversent rarement les époques intactes et ont souvent déjà subi des réparations.

Nettoyage des tranches d'une faïence anciennement recollée


Les colles utilisées peuvent avoir jauni ou ne plus être suffisamment adhésive pour supporter le poids des fragments.
On rencontre aussi le problème des agrafes métallique qui provoquent des taches de rouille au sein de la matière.

 

Assiette restaurée avec des agrafes

Souvent, la surface et les décors sont recouverts de peinture et entièrement surpeints.
Un démontage et un nettoyage des fragments sont alors nécessaires pour faciliter les étapes suivantes de notre travail.
Un soin particulier est apporté aux terres cuites et aux faïences dont la matière, fragile, peut davantage s’abîmer au cours d’un nettoyage.


collage 

Le choix de la colle et des techniques de collage va dépendre de la texture de l’objet.

Pour la terre cuite et la faïence, la colle est appliquée directement sur les tranches et les morceaux sont assemblés au fur et à mesure. La matière étant poreuse et fragile, il est important d’utiliser des adhésifs souples et réversibles.

Quant à la porcelaine et au verre, ils nécessitent des adhésifs plus forts, à cause de leur texture non poreuse. Les fragments sont alors assemblés avec des papiers collants tout le long des cassures. La forme ainsi reconstituée, un adhésif fluide est appliqué le long des fissures et pénètre à l’intérieur des cassures par capillarité.
Pour réaliser un bon collage, il faut ajuster parfaitement les fragments et éviter les décalages entre les cassures. Ceci permet de limiter l’entendue des bouchages et de la retouche.

Assemblage et collage d'une pièce en

bouchage & reconstitution

Cette étape peut aller du simple masticage d’une cassure, destiné à combler les petits trous ou à rétablir la continuité formelle en comblant un morceau manquant à la reproduction d’une partie complète.
Cette reconstitution ne peut s’opérer qu’à partir d’une forme identique, moulée sur l’objet lui-même ou sur une réplique (ex : une anse, une tête) ou bien en sculptant la forme avec l’aide de documents photographiques.

 

 

reconstitution d'une partie manquante sur un vase en porcelaine

Les différents types de céramiques imposent l’utilisation de matériaux adaptés. Dans le souci de la réversibilité, le bouchage doit toujours être plus tendre que la matière de l’objet.
Les zones bouchées sont alors poncées jusqu’au niveau de la surface originale afin de préparer les surfaces à recevoir la retouche, en résorbant, si nécessaire, les décalages entre les fragments. Cette étape demande une attention particulière car tout défaut apparaît lors de la retouche.
Dans certains cas où les manques sont peu étendus, il arrive qu’on se limite à des bouchages colorés sans devoir ensuite procéder à une retouche (ex : terre cuite, surface monochrome, porcelaine blanche).

 

retouche 

Cette dernière étape apporte le degré de fini de la restauration. Il va dépendre du choix du client et de la complexité de la matière à imiter.
Entre la rugosité et la matité d’une terre cuite, la brillance et la transparence de la porcelaine, les techniques et les produits utilisés sont différents.




Reconstitution des décors d'une faïence


L’élaboration d’une retouche comprend généralement la reconstitution :


• de la couleur de fond qui donne une continuité, un fondu entre la surfaces reconstituée et la surface originale (ex : émail blanc d’une faïence).
• des motifs colorés en se basant sur les informations présentes autour de la partie manquante.
• de la brillance avec l’application d’un verni final qui peut être atténué selon l’usure de la surface.


Pour la décoration dorée, l’application de feuilles d’or et de poudres colorés peut restituer l’aspect de l’or ancien et patiné.

reconstitution de la dorure sur le bord d'une assiette en porcelaine